Malgré le confinement
Cloîtrées… et confinées !
Qu’a bien pu signifier le confinement pour une communauté cloîtrée ? Qu’avons-nous vécu dans cette période inédite ?
Pour notre communauté, l’annonce de la période de confinement a signifié plusieurs ajustements dans notre vie. Même si notre manière de vivre cloîtrée semble particulièrement adaptée à un confinement, nous avons rapidement mesuré la distance qui existe entre une vie cloîtrée, et donc centrée sur la présence de Jésus-Christ au milieu de la communauté, et une vie confinée, centrée sur l’absence de contact physique avec l’extérieur et la protection d’un danger sanitaire.
Soudain, plus aucune personne ne pouvait venir au monastère : ne plus accueillir dans la prière à la chapelle, ne plus célébrer l’eucharistie quotidiennement, ne plus accueillir à l’hôtellerie pour des retraites spirituelles, ne plus accueillir à l’artisanat, ne plus avoir de commandes de confiture à honorer, entendre le silence de la ville où personne ne circule plus. Toutes ces expériences nous ont marquées et c’est à partir d’elles que nous avons cherché à ouvrir un chemin de vie ensemble alors que certains de nos repères habituels s’effaçaient et que la situation était inquiétante.
Nous étions en carême quand tout a débuté, temps de désert pendant lequel nous n’avons pas habituellement de contact avec nos familles et nos amis : nous avons pris la décision de les joindre pour prendre très rapidement de leurs nouvelles et les soutenir dans ce qu’ils avaient à traverser. Ils l’ont vécu comme une heureuse surprise et à notre tour, nous avons eu la surprise que des amis du monastère nous joignent pour nous demander de nos nouvelles et nous proposer de l’aide ou un service. Ouvrant plus large notre regard, nous nous sommes aperçues que c’était exactement ce qui se vivait un peu partout. Action de grâce !
Le rythme régulier de la Liturgie des Heures célébrées comme d’habitude à la chapelle a été un soutien fort pour chacune. Les soignants, les malades, leur famille, tous ceux qui traversaient une épreuve, sont venus habiter notre prière communautaire. Pour leur offrir une hospitalité plus large et concrète, nous avons décidé de prier le chapelet chaque matin à 9h00, les confiant tout spécialement à l’intercession de la Vierge Marie consolatrice. Sur notre site internet, nous avons proposé à tous de déposer des prénoms pour lesquels nous nous engagions à prier. Toutes ces personnes sont devenues nos compagnons de confinement.
Communion profonde dans la prière, espaces d’échanges et de partages communautaires pour mettre des mots sur ce que nous vivions chacune, confection de masques à la demande d’un cadre infirmier, travail dans le jardin, réalisation de vidéos pour la Semaine Sainte, essai de nouvelles recettes de cuisine pour les jours de fête – lieux où la vie circulait encore entre nous et avec tous. Oui, nous avons fait l’expérience que la prière devient aride quand la circulation de vie autour de nous se fait plus rare. Car la prière se nourrit de la vie et la vie de la prière.