Discerner dans l’ordinaire de la vie
Le temps que l’Eglise appelle « ordinaire » n’est pas la routine tranquille, bousculée par l’actuelle pandémie. L’ordinaire est, ordinairement, truffé de questions, et d’irruptions de Dieu… Allons relire les évangiles que la liturgie nous a donné à entendre en ces premiers dimanches du temps « ordinaire » !
2e dimanche du temps « ordinaire » (année B) :
« Que cherchez-vous ? » (Jean 1, 38)
Les tout premiers mots de Jésus, dans l’évangile de Jean, nous adressent une question.
Jésus renvoie les candidats-disciples à leur propre désir, à leurs propres questions.
Jésus ne vient pas présenter le Dieu des réponses toutes faites, mais le Dieu qui s’intéresse à nos questions : que cherchez-vous vraiment ? qu’êtes-vous prêts à chercher, quelles que soient les circonstances ?
Le temps « ordinaire », c’est celui que l’Eglise nous laisse pour mûrir notre réponse, à travers l’écoute de tout ce qui advient… et Jésus s’offre d’abord comme compagnon de nos recherches.
3e dimanche du temps ordinaire (B) :
« Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. »
« Laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite. » (Mc 1, 14-20)
Simon et André lâchent les filets qui leur permettent de gagner leur vie jour après jour…
Jacques et Jean lâchent leurs appartenances, leur histoire, leurs relations pour suivre Jésus.
Et nous ? quelles sécurités nous retiennent et nous empêchent encore de « suivre Jésus » ?
Le temps « ordinaire », c’est celui où nous apprenons à gagner le large par rapport à tout ce qui nous enferme et nous définit : non pour atteindre une liberté illusoire et insensée, mais pour suivre Jésus, le servir, l’aimer, découvrir avec Lui le visage d’amour du Dieu qui nous appelle.
4e dimanche du temps ordinaire (B) :
« Esprit impur, sors de cet homme ! » (Mc 1, 25)
Dans l’ordinaire de la vie des hommes de Galilée, Jésus vient discerner : toutes les voix qui parlent en l’homme ne sont pas du côté de Dieu et de la Vie… Jésus expulse sans concession les esprits impurs qui, à Nazareth comme aujourd’hui, crient et enferment les hommes dans la violence, même en proclamant des demi-vérités (« Tu es le Saint de Dieu ! »).
Dans la synagogue de Capharnaüm, les disciples sont encore du bon côté : ils sont témoins, à la fois du mal qui tourmente et de leur Maître qui commande avec autorité. Viendra un temps où Jésus leur découvrira qu’ils ne sont pas meilleurs que les autres : même le disciple de Jésus peut se faire rouler par le Malin quand il se déguise en ange de lumière… Et à Pierre, Jésus devra dire : « Arrière Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ! » (Mc 8, 33)
En ce temps « ordinaire »,
laissons Jésus poser son regard sur tout ce qui nous habite,
et faisons-lui confiance !
Illustrations de la page: photos (c) Alain Nahum