Belle fête de Pâques !
Le saviez-vous ?
Le mot « Pâques » vient de l’hébreu Pessah qui signifie passage. Car :
- Dieu est passé devant les maisons des hébreux pour les épargner alors que l’Exterminateur a frappé les premiers-nés des égyptiens (Ex 12, 27)
- Le peuple hébreu est passé à travers la Mer Rouge pour marquer le passage de l’esclavage à la liberté (Ex 14-15)
- A la suite de ces événements, chaque croyant est appelé à faire mémoire de ces passages et à les actualiser dans sa propre vie.
La fête chrétienne de Pâques se broche donc sur la Pâque juive pour rappeler le grand passage de Jésus vers Père (Jn 13, 1), son passage de la mort à la vie pour le salut de tous les hommes. Avec le Christ, nous avons à passer aussi de tout ce qui est un peu mort en nous, vers la vie en plénitude…
Méditation sur l’évangile du jour de Pâques
Evangile selon saint Jean (Jn 20, 1-9)
Jour nouveau
Le premier jour de la semaine, en ce grand matin encore baigné d’obscurité, une femme marche. Elle se rend au tombeau, envahie de ténèbres, croyant que la mort l’a emporté. Oui, la mort semble bien avoir emporté celui qu’elle aimait, lui qu’elle imagine gésir dans le noir, sur le froid de la pierre. « Tout est accompli » avait-il laissé en testament. Les derniers mots du Verbe sont aussi les dernières paroles d’un personnage rapportées par l’évangéliste à ce stade de son récit. Et face à l’ambiguïté de ces mots, Marie avait tranché pour le sens obvie : oui, tout semblait bien achevé avec la mort sur la croix. Et pourtant… en ce matin, la lumière à peine naissante suffit au regard. Un coup d’œil pour s’apercevoir que le paysage n’est pas tel qu’elle s’y attendait. Tremblement de terre intérieur : la pierre a été enlevée du tombeau. L’aube trahit les combats du cœur de Marie-Madeleine, entre nuit et lumière à cet instant. Fuite dans le sentiment de l’urgence, pour pouvoir continuer à croire ce qui paraissait évident : Marie court donc trouver des témoins. Pour la rassurer ? Pour mener l’enquête ? Pour s’indigner ?… Elle est la première à rouvrir l’espace de la parole depuis la dernière phrase de Jésus lorsqu’elle s’écrie : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau ! » Elle ne croit pas si bien dire. Deux hommes vont se laisser entraîner dans la course par cette femme, mais ce qui les met en route reste inconnu : affolement… ou secret espoir… ?
Jour de foi
Un coup d’œil suffira à Pierre pour constater : « les linges posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part, à sa place. » Dans ces conditions, l’effective disparition du corps ne peut être le fait d’un voleur. Elle ne peut pas non plus témoigner de la force et de la puissance d’un Dieu qui voudrait démontrer aux hommes qu’il est décidément toujours plus impressionnant que ce qu’ils croient. Pour Pierre-le-fougueux, rien de cette inspection ne rentre dans ses schémas. Mais alors entre l’autre disciple : « Il vit et il crut. » Il voit la délicatesse d’un amour qui va jusqu’à plier les linges avant de partir. Il voit cet amour, attentif jusqu’au petit détail du suaire roulé à sa place… Dieu se cache dans les détails, et il est venu remettre tout en ordre ! Tandis que la mort avait semé le chaos et le désordre dans le cœur des disciples, la re-création de ce premier jour ré-ordonne tout. Aucun mépris : par ce pliage de tissus posés et roulés, ni le Ressuscité, ni son Père ne renient la dimension matérielle, corporelle, incarnée qu’ils ont assumée. Au contraire, ils la consacrent : « Tout est accompli » – mais à la croix, aucun des disciples n’avait compris que la gloire paraissait déjà dans ce corps défiguré aux yeux de la chair, transfiguré aux yeux de la foi.
Jour de joie
Marie l’avait pressenti : « ‘On’ a enlevé le Seigneur de son tombeau ! » Dans son ignorance, elle désigne déjà par ce ‘on’ impersonnel le Dieu vivant. L’autre disciple verra plus clair encore : le Dieu vivant n’a pas seulement enlevé le Seigneur, mais il l’a relevé. Relevé par amour et dans l’amour ; un amour dont seuls les linges pliés restent ici les témoins discrets. Cet autre disciple… sera-ce moi, aujourd’hui ? Si comme lui, je laisse la foi et l’amour envahir mon cœur, alors je n’entrerai pas dans le tombeau mais dans la joie promise par Jésus : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour… Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jn 15, 9.11)
Belle fête de Pâques à chacun : que le Christ ressuscité nous conduise à voir dans les détails de nos vies sa présence vivante et attentive !